Monographie de la Paroisse de Pouldergat

Cette monographie provient des archives départementales du Finistère, sous la côte 16 J 59.

Elle a été rédigée par Gaston Conen de Saint-Luc,  propriétaire du château du Guilguiffin (Landudec) au début du siècle dernier.

L’Armorique, aux Vème et VIè siècles, vit débarquer sur ses rivages de nombreuses bandes de Bretons insulaires que l’invasion saxonne avait chassés de leur patrie. Sous la conduite de leurs chefs de clans, de moines ou d’évêques, ces émigrants arrivaient des diverses régions de l’île de Bretagne, principalement des provinces comprises dans la Cambrie et de celles qu’occupaient les Cornovii, peuple considérable qui a donné son nom à la Cornouaille armoricaine.

D’autres émigrations importantes, notamment celle des Corisopites, eurent pour point de départ la Bretagne du Nord. C’est à ce dernier Pays, d’après Mr de la Villemarqué (1), que devait appartenir saint Ergat ou Argad que la Paroisse de Pouldergat honore comme fondateur. Fils du roi barde Loumarch, chef d’un petit Etat nommé l’Argoët, saint Ergat, selon la tradition de la paroisse(2), aurait lui-même été barde.

La vie de saint Ergat n’a pas été connue des hagiographes et le souvenir de son apostolat serait depuis longtemps effacé, si le nom d’Ergat n’était resté incorporé dans celui d’un certain nombre d’églises et de chapelles que la vénération des fidèles avait placées sous son patronage. Dans le seul diocèse de Quimper, indépendamment de Pouldergat, on pourrait citer comme ayant été vraisemblablement consacrées à ce saint, l’ancienne trêve de Tréouergat(3) et bien qu’elles aient changé de vocable, les paroisses de Pouegat Moysan et de Plouégat Guerrand(4).

C’est au sud de la baie de Douarnenez , non loin de l’endroit où l’opinion la plus accréditée place la légendaire ville d’Is, que vinrent s’établire les exilés qui avaient suivi St Ergat. Le Pays, à cette époque, ne devait compter que de rares habitants et le Plou qu’y fondèrent les Bretons put se développer dans la partie méridionale d’un ancien pagus qui s’étendait à l’Est jusqu’au ruisseau du Riz, au Nord et à l’Ouest jusqu’à la mer et au Midi jusqu’à la baie d’Audierne et à la rivière de Pont-Croix. Ce vaste territoire, dans les chartes du moyen-âge, est encore dénommé Pagus-cap-Sizun. Dans ses limites se constituèrent, sous l’influence de la colonisation bretonne, onze circonscriptions paroissiales dont l’une des plus importantes devait être celle de PLODERGAT(5).

Le document le plus ancien qui mentionne cette paroisse, remonte à l’année 1126. Antérieurement à cette date, en 1121, Robert évêque de Cornouaille, avait donné au prieuré de saint-Tutuarn (île Tristan) les deux tiers de la dîme de Plodergat (plebs sancti Ergadi) et en outre le tiers du droit de sépulture et des offrandes faites à l’église paroissiale, le jour de Pâques; mais la charte qui relate ces dons ne fut dressée qu’en 1126. Cette charte a été publiée dans le Bulletin de la Soc.Ar. Du Finistère de 1905, p 249.

(1)Revue de Bretagne et de Vendée, 1887, p. 11-18
(2)La même tradition veut que St Ergat ait habité Kerdergat, village situé à un kilomètre au S.O. du bourg
(3)L’église de Tréouergat qui possède des reliques du saint, en a cédé une partie à Pouldergat.
(4)Bull. archéol. du Fin. 1913, p. 20 et la Bretagne contemporaine, III, p. 63.
(5)Pouldergat (avec Pouldavid) a 2995 hectares de superficie et compte actuellement 3111 habitants.

Eglise paroissiale

Quand on examine l’extérieur de l’édifice, l’attention se porte tout d’abord sur sa façade occidentale qui, depuis la base jusqu’au sommet, est couverte d’inscriptions. La construction de cette façade fut commencée en 1585. Les inscriptions marquent la reprise des travaux souvent suspendus qui se poursuivirent pendant plusieurs années avant d’atteindre la plate-forme de la tour . La flèche qui couronne cette tour lui est de beaucoup postérieure et, d’après Mr Bigot, architecte diocésain, ne remonterait qu’au commencement du XVIIIème siècle.

Les autres côtés de l’église n’offrent rien de remarquable. La façade méridionale est précédée d’un porche de construction relativement moderne sur lequel on lit:

1854. MARIN, Rr; GOUZIL, Maire; LE  FRIANT, Trésr.

Sur la corniche de la chapelle de saint Herbot, voisine du porche, sont gravés le milésime de 1699 et les noms de LE GALL, FA. et de PIERRE PERENNES, FA.

Enfin le cimetière  a conservé son ancienne croix en granit dont les personnages sont abrités d’un petit pignon à crochets.

L’intérieur de l’église qui se compose d’un chœur et d’une nef accompagnés de collatéraux, comprend deux époques distinctes, le XIIè et le XVIè siècles. C’est à cette dernière époque que l’on reconstruisit toute la partie occidentale de la vieille église romande dont il ne reste plus que le chœur.

Le chœur de l’église Pouldergat peut être cité comme l’une des œuvres les plus intéressantes que l’art roman ait laissées dans cette région. Il est formé de trois travées dont les piliers à chapiteaux garnis de feuillages très découpés et les archivoltes en tiers point appartiennent à la fin du XIIè siècle ou peut-être au commencement su siècle suivant.

La nef, plus large que le chœur, est séparée de ses bas-côtés par cinq travées qui paraissent contemporaines de la façade occidentale (XVIè siècle), à l’exception toutefois de l’arcade située au bas de la nef du côté nord. Cette arcade romane a été conservée de l’édifice primitif.

Aux bas-côtés de la nef sont accolées trois chapelles latérales. L’une d’elles (au midi) est sous l’invocation de saint Herbot; les deux autres (au Nord) sont dédiées à saint Sébastien et aux saints Cosme et Damien.

A droite et à gauche du chœur existent également deux chapelles . La première, celle côté droit, était anciennement consacrée à saint Jean; la seconde avait été placée sous le vocable de Notre-Dame. La confrérie du Rosaire se desservait dans cette chapelle dont l’autel est accosté de deux consoles armoriées. On reconnaît sur un des écussons le lion chargé d’une macle des Kerguelenen. L’autre écusson porte deux lévriers passants qui devaient être les armes du Moguermeur dont les seigneurs avaient contribué à la reconstruction de la chapelle en 1485.

Parmi les statues vénérées dans cette église, on remarque celles de saint Ergat et de saint Etienne, premier et second patron de la paroisse; un saint Mathurin qui fut probablement donné par Charles du Bot de Lescoët, chanoine de la cathédrale de 1487 à 1511, dont les armoiries décorent le socle de la statue(6); un saint Yves de la même époque qui serait, au dire des connaisseurs, une des meilleurs représentations du saint existant dans le diocèse; enfin les statues des saints Cosme et Damien patrons des médecins, tenant chacun une fiole de médicaments et auxquels était consacrée la chapelle septentrionale maintenant affectée aux fonts baptismaux.

Les Archives départementales possèdent une bulle datée de 1695 du pape Innocent XII accordant une indulgence plénière à toute personne qui visiterait dévotement l’église de Pouldergat le quatrième dimanche d’Août. Cette indulgence paraît avoir été concédée en vue de favoriser l’achèvement du clocher.

C’est dans la chapelle de saint Jean que se tenaient les assemblées paroissiales.

D’après un acte conservé aux Archives du Finistère, les principaux habitants y furent réunis et congréés, en 1512, à la requête d’Alain de Kerguelenen, pour statuer sur le rétablissement des prééminences que les ancêtres de ce seigneur avaient possédées dans la chapelle de Notre-Dame. A cette réunion assistaient:

Mtre Guillaume bonescat, recteur de Ploedergat;__Guillaume Cognyou, Sgr du Moguermeur; __Jehan Agnès, Sr du Guilly; __Jehan Pencoet, Sgr de Keranpap; __Guillaume Larour, procureur et syndic de la fabrique; __Yvon Larour, procureur de la paroisse; __Guillaume Kermenec; __Guillaume et Jehan le Vaillant; Yvon Dagorn; Alain Perron; Hervé le Guen; Guillaume et Jacob le Bescond; Hervé Coetmeur; Guillaume Elyas; Yvon le Goesbihan; Hervé le Menchec; Yvon Mapemen; Mahé Cariou; Jehan le Gounidec; Jacob et Yvon Labouce; Hervé le Squividan; Yvon Burel; Guillaume Perennès; Jehan le Castrec; Guillaume Brelivet; Marc le Roy; Yvon le Riou et autres habitants d’icelle paroisse.

En compulsant les documents assez nombreux concernant Pouldergat que nous ont transmis le XVème et le XVIème siècles, on retrouverait les noms de la plupart des familles qui existaient à cette époque dans la paroisse(7). On y relève notamment les noms suivants:

Le Griffon, Celton, le Marhec, le Béguec, le Menen (de Kervarlé-Corre), Kersalé, Lostis, Landugen, Maillot (de Botgraguez), Quideau (du Guilly), Kerhascoet et Floch ( de Moustergoat(8)), le Bourhys, Tanguy, Joncour, Pensec, le Moign, Kernilis, le Mancel, le Corre, Gourlouan, le Fur, Nicolas, le Bihan, Nédélec, le Hénaff, Louboutin, le Bras, etc.

Malgré l’irrésistible courant qui, depuis quelques années, dépeuple nos campagnes en entraînant vers les villes leurs habitants, la majeure partie des noms qui viennent d’être cités paraît s’s’êta perpétuée dans Pouldergat. Cette commune possède encore un certain nombre d’anciennes familles qui sont restées attachées au sol que cultivaient leurs pères par des racines aussi profondes que celles des vieux chênes qui abritent leurs villages.

(6) « d’argent à deux haches d’armes adossées de sable soutenues d’un croissant de gueules et accompagnées de trois coquilles de même »
(7) Pouldergat devait comprendre indépendamment du bourg et de Pouldavid, environ 80 villages, divisés presque tous en plusieurs exploitations et dont le plus important, Lanriec, comptait six tenues.
(8) Aujourd’hui Moustoulgoat. Ce village paraît devoir son nom à l’un de ces monastères formés de logettes en bois où s’établirent les premiers moines venus d’outre-mer.

Chapelle de St Guenaël

Les dates gravées sur l’édifice témoignent des interruptions qu’eut à subir sa reconstruction entreprise pendant les troubles de la ligue. Les murs lattéraux portent les inscriptions suivantes :

Côté nord :

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 Côté sud :

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Sur le pignon oriental on lit le nom de JosBescomb

L’autre pignon et le clocher paraissent contemporains su calvaire qu’érigea en 1647 Mre Gabriel Courant, recteur de Pouldrégat, dans l’enclos boisé qui dépend de la chapelle.

L’intérieur contient la statue du saint patron représenté avec la crosse et la mitre et celle de Notre-Dame de Rumengol dont le socle est armorié du blason de Messire René de Ploeuc qui avait dû contribuer à l’embellissement de ce sanctuaire.

Le pardon se célèbre le deuxième dimanche d’Octobre. Il attire de nombreux pèlerins qui viennent invoquer saint Guenaël pour la guérison de la goutte et des rhumatismes ( en breton gwendré) et boire l’eau de la source limpide qui jaillit au bas de l’enclos.

Saint Guenaël, n é au commencement du VIème siècle, succéda en 532 à saint Gwennolé comme abbé de Landevenec. En 539, il résigna son abbaye pour se rendre en Irlande où il séjourna trente quatre ans. Revenu en Armorique, il fonda sur les bords du Blavet un monastère où il mourut vers 585-590. L’emplacement de ce couvent est encore indiqué par l’antique chapelle de saint Guenaël, dans la paroisse de Caudan, près Lorient.

Le diocèse de Cornouaille possédait plusieurs chapelles dédiées au même saint ; l’une d’elles se trouvait dans la paroisse de Penhars, non loin du manoir de Pratanroz.

La chapelle de saint Guendal, vendue nationalement le 8 Thermidor An III, fut acquise moyennant 3000 livres par Renévot et Bescond. Le même jour, les bois taillis de Sant Riou et de Santez Egassa, appartenant à la fabrique étaient vendus, le premier pour 800livres et le second pour 1700 livres.

Anciens Recteurs

A 500 mètres au nord-est du clocher, se trouve La Chesnay, petit manoir entouré de bois et d’eaux vives, qui durant plusieurs siècles a servi de résidence aux recteurs de Pouldergat. Ce presbytère avec toutes ses dépendances est devenu à la Révolution propriété particulière.

Des difficultés n’avaient pas tardé à s’élever entre les prêtres de Plodergat et le prieuré de Saint Tutuarn au sujet des dîmes que la charte de 1126 concédait à ce dernier. Ces contestations duraient encore en 1255, lors qu’intervint unaccord entre le prieur Guy Taleret et le recteur qui se nommait Guillaume(9).

Geoffroy d’Hariette (Gauffridus Arietis), recteur en 1314, légua au chapitre, pour la fondation d’un obit dans la cathédrale, une rente de 20 solz sur la maison qu’il possédait à Quimper(10).

En 1383, Yves Flochguen, nommé recteur, obtint prorogation de délai pour se faire ordonner prêtre(11).

Au  XVème siècle, on trouve comme recteur Mtre Yves Le Rouxen auquel succédèrent :

Corentin le Sodec ;

Guillaume Keroc’h (de Peumerit) ;

Mtre Alain Bonescat

et Mtre Guillaume Bonescat qui, en 1512, gouvernait encore la paroisse.

Yvon Arour ( de Pouldergat) qui, en 1585, posa la première pierre de la façade occidentale de l’église, paraît avoir eu pour successeurs D.Breton et J.Henri. Ce dernier était remplacé en 1594 par un recteur nommé Sanquer.

1630-1639 Yves de Saint Noay résigna en faveur du suivant.

1639-1666 Gabriel Caurant (du Faouet). Par son testament du 25 Mars 1666, il légua à la fabrique une lande de 38 journaux dans la montagne de Trélen

1667-1693 Vincent Madien du Moguermeur.

1697-1715 Olivier Lochou de Brunault (de Carhaix), mort à l’âge de 53 ans.

1715-1745 François-René Gauvaign.

1746-1771 François Derien.

1772-1173 Le Moyne.

1773-1790 René le Guenneau.

Prêtres et Vicaires

Une charte de l’abbaye de Marmoutiers mentionne deux prêtres qui vivaient à Ploetergat en 1255. L’un d’eux, Yves Tutgual, possédait avec le chevalier Derrien, son frère aîné, le Tyorent ou manoir de Kerkelennen ; l’autre, du nom de Daniel, était le frère du recteur Guillaume.

En 1467, dom Guyon Celton tenait à domaine la moitié de Ty an cahérec.

1641-1680 Thépault Larour, vicaire.

1662-1667 Jean Sizun (de Tréboul), vicaire.

1666-1696 Jean Tanguy ( de Kerlivit), vicaire en 1669.

1667-1678 Alain Le Fur ( de Pouldergat).

1669-1682 Michel Ferec ( de Pouldavid).

1670-1685 René Gourmelen, décédé en 1685(12).

1670-1706 Pierre Gérault.

1676-1683 Jacques Joncour(de Pouldergat) nommé vicaire de Landudec

1678           Nicolas Rolland du Questel, mort en 1716 recteur de Landudec.

1687-1722 Yves Le Bars mort à Penguilly, âgé de 63 ans.

1677-1719 Hervé le Normant, vicaire.

1698-1728 Gabriel Le Quéau.

1710-1746 Joseoh Larour.

1720-1733 Jean Séradin, vicaire, eut pour titre clérical une maison sise au bourg que sa famille avait acquise en 1676 de la confrérie du Rosaire. Il mourut en 1757, recteur de Clohars Fouesnant.

1731-1773 Gabriel le Joncour, vicaire.

1765-1772 P. Larour.

1774-1789 J. Kervarec, vicaire.

(9) Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T XXXII, p 331
(10) Bibl.Nat.Ms.Lat. 9892, f°51.__En 1583, cette famille était représentée par Pierre Dhariette, marchand de fer et administrateur de l’Aumônerie de Quimper, dont les descendant s’établirent en Espagne.
(11) Bulletin Diocésain, 1912, p. 378.
(12) Fils de Jean Gourmelen, notaire à Pouldavid (1641) et de Lévénèze Férec. __A cette famille paraît avoir appartenu le célèbre docteur en médecine Etienne Gourmelen, mort à Paris en 1593.

Outre les calvaires que l’on voit au bourg et à St Vendal, Pouldergat a conservé trois de ses anciennes croix(13). L’une d’elles qui porte la date de 1583, a été relevée en 1872, à l’ouest du village de Kerlivit (Kerhiliquit en 1255). Une autre, peut-être plus ancienne et dont le socle est exhaussé par plusieurs degrés, s’élève non loin du Creac’h, près de la route qui conduit du bourg à Keranpap. A l’entrée du chemin du Coadic, une troisième croix dont le sommet avait disparu, a été restaurée par les soins de M. Le Brun. Il ne reste aucun vestige de la croix qui, d’après la tradition, aurait été érigée à 300 mètres environ au nord de Creac’h-Goyen, à l’endroit où la Sainte Vierge apparut au vénérable Michel le Nobletz.

(13) La croix de Pratdinérou dont l’emplacement fut donné par Madame de Vuillefroy, née Cillart, ne date que du siècle dernier.

Monuments anciens

Près du village de Cornancoët, on voit une enceinte fortifiée de forme circulaire qui mesure, à l’intérieur des retranchements, 25 mètres de diamètre et qui renferme quelques substructions. Mr le baron du Fretay attribuait une origine gauloise à cette enceinte qu’il avait explorée en 1893 et où il recueillit une certaine quantité d’objets en fer. La même année, sur les dépendances de Kerlivit, fut exploré un petit tumulus qui recouvrait un dolmen. On trouva dans la crypte deux poignards en bronze parfaitement conservés, une pointe de flèche et de boulets en pierre. Dans la montagne de Trélen (passage de l’étang), sur les hauteurs qui dominent le Moulin-Neuf, les gaulois avaient établi un vaste oppidum dont les substructions couvraient plus d’un hectare. Ces ruines, connues dans le pays sous le nom de Pouldahut Bihan, ont disparue lors de la mise en culture du terrain qu’elles occupaient. A peu de distance de cet oppidum, sur la montagne de Creach-Goyen, il existe un établissement qui, sans avoir l’importance du précédent, devait appartenir à la même époque. Les vestiges gaulois abondent d’ailleurs dans cette région. Au cours d’une excursion archéologique, Mrs le Chanoine Abgrall et E. de Lécluse ont découvert un oppidum assez important sur les terres du Mont en Poullan, village situé sur les confins de Pouldergat, à 800 mètres au sud-ouest de la chapelle St Vendal.

(14)Menez Trelen qui dépendait du domaine royal, contenait 165 journaux, d’après un mesurage de 1642. Afféagée vers cette époque à Christophe Fouquet de Chalain, elle fut divisée en plusieurs lots qu’acquirent les villages voisins. __A l’est de ménez Trelen, s’étendait un étang de 50 journaux, aujourd’hui desseché, qui dépendait du moulin de Pontmeur, appelé ensuite Moulin de Bonescat et, en dernier lieu Moulin vert.

Nombreuses sont les traces que l’occupation romaine a laissé dans Pouldergat où l’on rencontre plusieurs villages aux nom caractéristiques comme Kerromen, le Questel et Kerstrat, ainsi que trois ou quatre tronçons de voies dont l’origine romaine ne paraît pas douteuse et enfin les enceintes fortifiées de Trézent, de Penguilly et de Botcarn. Ce dernier camp près duquel des tuiles à rebord ont été recueillies, a la forme d’un parallélogramme à angles arrondis et une superficie de trente cinq à quarante ares. Il commandait une des voies qui reliaient Keris à Audierne.

Le camp retranché de Trézent, situé au midi du village de ce nom, est aujourd’hui en parti détruit. De même que celui de Penguilly, il aurait été établi, d’après Mr le Dr Picquenard, en vue d’assurer, du côté sud, la défense de la ville d’Is et de sa banlieue.

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La plupart des voies qui autrefois sillonnaient Pouldergat ont été décrites par Mr le Dr Picquenard dans l’intéressante étude sur « le Ville d’Is et ses environs » qu’a publié le Bulletin de la Société Archéologique de 1906.

Une de ces voies reliait Keris à Vindana Portus (Audierne). Son tracé est encore parfaitement reconnaissable depuis Pouldavid jusqu’au Dinvès, au sud de la route moderne de Douarnenez à Audierne par Pont-Croix.

Sur cette voie s’embranchait, au nord du village de Lanriec, une voie secondaire « passant à Keranpape et Botcarn, entre Hentmeur et le Moguermeur, au nord de Penguilly, Lesivy, Trobeuzec, Lesvoayen, au bourg de Meilar et aboutissant sur la voie principale à 700 mètres à l’ouest de la chapelle de Confort. »

Une autre voie, restaurée au XIXème siècle et dénommée « la petite route de Pont-Croix » , se détachait au sud-est de Kerfréost de la grande voie de Civitas Aquilonia à Keris et passait entre Guerveur et Kerstrat, puis à 500 mètres au sud du bourg de Pouldergat, au nord de Botgragues et du Moguermeur et enfin à Lanfiat avant de rejoindre au sud de Keramoal (en Poullan) la voie de Keris à Audierne.

Cette voie qui n’a pas encore attiré l’attention des archéologues, mettait en communication les deux principaux havres de la région. Antérieurement à la conquête, elle desservait un certain nombre d’oppidums gaulois. Les romains en firent une route stratégique et établirent sur son parcours plusieurs camps dont le plus important est celui de Kergurunet en Plogastel.

Après avoir traversé les territoires de Beuzec-Cap-Caval, Ploneour, Peumerit, Plogastel et Landudec, la voie, franchissant le Goyen sur Pontmeur, entrait dans Pouldergat. Elle contournait à l’est la montagne de Trélen , passait par Kervarlé Cor, le Petit Bourg, Bodonap, le Moulin du Questel, le village du Guilly et arrivait au pont Trénot jeté sur le cours d’eau qui sépare Pouldergat de Ploaré.

Sur le territoire de Ploaré, la voie se continuant par Tromané, Keramestre et Kerru, rencontrait la voie de Civitas Aquiloniaà Keris au nord-est de Tuongouzel. Dans ce dernier village les romains ont laissé comme souvenir de leur occupation le petit poste qui domine le vallon de Pouldavid et les ruines d’un temple qui devait remonter au règne d’Auguste(15).

(15) Ce temple, de forme rectangulaire, mesurant dans œuvre 6m75 sur 13m75, était entouré d’une galerie circulaire (Bull. arch. du Finistère, 1894, p. 160).

Anciens manoirs

En 1467, le Moguermeur devait appartenir à la famille Cogniou qui avait pour armes deux lévriers pasants et qui paraît avoir changé son nom contre celui de ce manoir.

Le dernier Dumoguermeur qui était notaire, avait épousé Marie de Lesivy, fille de René, seigneur de Lesivy et de Kerelleut (Kerlot) et de Marguerite de Pontplancoet. Il mourut sans hoir avant 1536 et, quelques années plus tard, le manoir du Moguermeur avec son moulin et ses domaines de Penguilly et de Hentmeur devint la propriété de Jacques Pencoet, sieur de Kerdanet.

Cette terre dans la suite passa par alliance aux Gourcuff. Elle fut donnée en partage à Gilette Gourcuff qui épousa en 1611 Jacques Madien, ancien compagnon de la Fontenelle et l’un des derniers defenseurs du fort de l’Ile Tristan(16).

Sébastien Madien issu de cette union, prenait dans les actes le titre d’écuyer. Il produisit à la réformation de 1670 et fut débouté ainsi que son frère puîné, Guillaume Madien sieur de Keramoal. Décédé en 1676, il eut pour enfant :

Vincent Madien qui, pendant près de trente ans, tint la cure de Pouldergat ; Marguerite Madien mariée avant 1669 à Jean de Kergariou, sieur des Fossés, et Guy Madien, sieur du Moguermeur, qui mourut en 1677, laissant de son mariage avec Marie Bridou(17) plusieurs enfants.

L’aîné, Jean Madien, décédé en 1726, avait pour femme Magdeleine Bennery. Il fut père de Jacques Madien qui épousa en 1727 sa parente Anne de Kersauzon(18), fille de feu Vincent-Tanguy de Kersauzon-Penalen et de Marguerite Madien .

Le Manoir du Moguermeur occupe la partie sud-est d’une enceinte fortifiée (n° 101 du cadastre, Sect E), d’origine probablement romaine, qu’entourait la grande muraille qui a donné son nom à cette endroit. La maison d’habitation dont la porte est surmontée d’un écusson fruste et qui paraît dater du XVIIème siècle, ne comprend au rez-de-chaussée qu’une salle, à droite de l’entrée, avec escalier et cuisine en appentis. Elle est précédée d’une cour dont les portes cochères en plein cintre s’ouvrent, l’une à l’est, sur l’arrivée du manoir et ,l’autre au midin sur une rabine conduisant à Penguilly.

(16) En 1600, lors de la capitulation du fort, Jacques de Lestel sr de la Boulle, Lieutenant de La Fontenelle, obtint des lettres d’abolition pour Jacques Madien et ses compagnons qui étaient détenus à Rennes et à Nantes. (Bulletin de la Société Arcéologique 1905. L’île Tristan par Bourde de la Rogerie, p. 213 et 345).
(17) Elle était fille de Bridou, greffier du Présidial de Quimper en 1630.
(18) Avant la célébration du mariage, les futurs conjoints présentèrent aux invités réunis dans la sacristie de Pouldergat un enfant de trois ans, nommé Jean, qu’ils reconnurent pour leur fils. (Archives du greffe du Tribunal civil de Quimper)

Les seigneurs de ce nom étaient issus en ramage de la maison du Juch dont ils portaient les armes d’azur au lion d’argent brisées d’une macle d’or. Leur manoir relevait de Coetmorvan. Ce fut à Loys de Cornouaille, seigneur de ce  fief, que Jehan de Kerguélénen, chevalier, présenta en 1467 son minu pour le rachat des biens qu’il avait hérités de son père, Yvon de Kerguélénen, décédé l’année précédente. Ce minu mentionne «  le manoir de Kerguélénen avec ses moulins, bois et colombier, un vieil emplacement d’étage au levant du manoir appelé Saint Connec, la métairie de Penkaer, les villages de Ty an cahérec et de Goelet an Kaer, enfin deux tènements, l’un à Keroueret, l’autre habité par Hervé le Griffon, au bourg paroissial. »

La seigneurie de Kerguélénen avait haute justice et patibulaire sur la montagne située au nord de Goelet an Kaer(19).

Jehan de Kerguélénen, décédé en 1483, avait eu de Béatrice du Hirgars deux fils dont de cadet fut chanoine de Quimper (1489-1509). L’aîné, Jehan de Kerguélénen, marié en 1474 à Marie Tuonmelin, fille d’alain Tuonmelin, sgr de Botpodern, mourut en 1497, laissant plusieurs enfants.

Alain de Kerguélénen qui lui succéda, vécut jusqu’en 1547. C’est à lui que le vicomte de Rohan, voyant les Anglais et les Espagnols menacer les côtes de Cornouaille, avait donné mission, en 1543, d’avoir l’œil sur les navires destinés à la course à Douarnenez et dans les hâvres voisins et de ne les autoriser à se mettre en mer que s’ils étaient convenablement armés(20).

Alain de Kerguélénen avait été marié deux fois. De sa première union (1503) avec Marie Liziard de Trohanet étaient nées deux filles dont l’aînée, Jehanne, épousa vers 1521, Jehan de Penguilly(21). Sa seconde femme, Françoise de Kerouant, lui donna cinq filles et deux fils, Rolland et Jean.

L’aîné, Rolland de Kerguélénen, ne survécut à son père qu’une dizaine d’années. Il laissa de son mariage avec Jacquette de Coetanscours un fils nommé Jehan que devait s’éteindre sans alliance, à la fin de l’année 1561 et dont la succession donna lieu à un procès. Le frère cadet de Rolland, Jean de Kerguélénen, était prêtre et chanoine. Après avoir embrassé le protestantisme, il se maria à Marie de Kerasquer, veuve d’Alain du Fou, seigneur de Logan et en eut une fille nommée Marie. En mourant, il confiât la tutelle de sa fille à Claude de Névet qui voulut revendiquer pour sa pupille l’héritage du dernier Kerguélénen auquel prétendaient également les seigneurs de Penguilly comme représentant leur mère, Jehanne de Kerguélénen, sœur aînée de l’ex-chanoine. Un procès s’en suivit «mais la Cour du parlement, toujours équitable en ses jugements, n’autorisa pas le mariage de ce libertin et, déclarant sa fille illégitime, adjugea la succession au seigneur de Penguilly(22). »

Le chef de cette maison, Henry de Penguilly, étant mort en 1558 sans postérité, sa sœur Marie de Penguilly, femme de Jean de Kersaudy, avait succédé à ses vastes possessions.

Décédée elle-même quelques années près, la dame de Kersaudy transmit les terres de Kerguélénen, Penguilly et Trohanet à son fils aîné, Alain de Kersaudy, qui mourut sans laisser d’enfant de son mariage avec Françoise de Ploeuc et auquel succéda son frère puîné, Pierre de Kersaudy.

Alain de Kersaudy avait pris part au siège du château de Pont-l’Abbé que les ligueurs enlevèrent aux huguenots en 1590. Le chanoine Moreau qui nous a laissé le récit de ce siège, mentionne également dans ses Mémoires(23) un autre épisode des guerres de la ligue survenu quelques années plus tard, non loin de Kerguélénen.

En 1596, le capitaine le Clou, avec un détachement de la garnison de Quimper, s’était retiré au manoir de Kerguélénen, sous prétexte de surveiller la Fontenelle ; mais le bruit courait qu’il avait avec ce dernier de fréquentes entrevues. Fortement soupçonné de trahison, le capitaine le Clou, pour se disculper, promit de s’emparer de la Fontenelle ; il réussit en effet à l’attirer dans un guet-apens(24) et l’amena prisonnier à Quimper.

Pierre de Kersaudy qui était devenu, à la mort de son aîné, seigneur de Kerguélénen, épousa Anne de Ploeuc du Tymeur nièce de sa belle-sœur Françoise de Ploeuc. Il mourut en 1621 après avoir, l’année précédente, marié sa fille unique, Mauricette de Kersaudy, à Christophe Fouquet, seigneur de Chalain.

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La terre de Kerguélénen, sortie depuis quelques années de la maison de Chalain, fut revendue, vers 1643, par écuyer Jean du Mur à Yves de Quélen, sieur de la Crecholain, conseiller du roi en la sénéchaussée de Concarneau et à Marie de Jegado, son épouse. Guénolé de Quélen, fils des acquéreurs, leur ayant succédé en 1659, fit rebâtir le manoir dont il ne reste que l’aile occidentale sur laquelle on voit les armes accolées de Quélen et des Kerloaguen. Après son décès arrivé en 1679, sa veuve Roberte de Kerloaguen, fournit aveu à la seigneurie de Coetmorvan pour le château de Kerguélénen, son grand corps de logis et ses écuries, la longère à l’occident de la cour et le deux pavillons au midi, le jardin cerné de hauts murs, le colombier, les bois taillis et de haute futaie et pour plusieurs domaines relevant du même fief(25). Cet aveu ne fait pas mention de la chapelle dédiée à saint Christophe, qui ne devait pas encore être rebâtie.

Le fils aîné de Guénolé, Vincent-Louis de Quélen, décédé sans postérité en 1715, eut pour héritier son frère puîné Alain-Maurice de Quélen, officier d’infanterie. Marié d’abord à Louise-Catherine de Kersulguen(1715), et en secondes noces à Vincente-Renée de Kervenozael (1734), Alain-Maurice de Quélen mourut en 1739, sans laisser d’enfant. Sa succession fut recueillie collatéralement par Olivier-Robert du Couëdic, sieur de Kergoualer, dont l’aïeule paternelle était la sœur de Guénolé de Quélen.

Du mariage d’Olivier-Robert du Couëdic avec Marguerite Ansquer naquit à Kerguélenen, le 17 juin 1740, Charles-Louis du Couëdic qui devait s’immortaliser comme commandant de la Surveillante par la victoire qu’il remporta, après quatorze heures de combat, sur la frégate anglaise le Québec. Du Couëdic, blessé à mort, fut ramené à Brest où il succomba trois mois plus tard(1780).

Dans les dernières années du XVIIIème siècle, le manoir de Kerguélenen devint la propriété de Mr Calloc’h de Kerilis qui fut sous l’Empire maire de Quimper et dont le fils, Aimé de Kerilis, épousa en 1807 la fille du baron de Miollis, préfet du Finistère.

Des quatre fils issus de cette union(26), ce fut le plus jeune, Félix de Kerilis, qui eut en partage Kerguélenen où il est décédé en 1905.

(19) Kerguélénen tenait en Pouldergat, sous le proche fief du Duc, une partie du bourg ainsi que plusieurs convenants.
(20) D.Morice, T. III, Preuves, col. 1049.
(21) De ce mariage : Henry marié à Claude de Tyvarlen et mort sans enfants ; Jehanne, femme de Raoul de Trémillec dont le fils unique mourut jeune ; et Marie qui épousa Jehan de Kersaudy.
(22) Archives du Finistère, E 837, généalogie ms. de la maison de Kerguélénen par Autret de Missirien.
(23) Edition de 1857, p 63 et suiv., p. 336 et suiv.
(24) Suivant la tradition, c’est auprès de Botcarn, sur la voie reliant ce camp à Pouldavid, que le bandit aurait été capturé.
(25) Entre autres, le convenant de Ruberdiry au bourg, qui chaque année, devait au receveur de Coetmorvan un repas composé de « chair salée, un chapon, une piecze de mouton, pain de froment pour deux hommes et d’une quarte de vin. »
(26) L’un d’eux, Alfred de Kerilis, auteur du roman historique La Fontenelle ou le dernier Ligueur, mourut avant 1840.

L’histoire du Questel se confond avec celle du Guilly, ces deux manoirs ayant été, pendant plusieurs siècles, réunis dans les mêmes mains.

Le Questel, au XVIème siècle, fut habité par Jehan Agnès du Guilly qui enrendit aveu à la seigneurie de Lespervez (1540), puis par son fils, Henry du Guilly, auquel succéda Françoise du Guilly, dame du Haffont. Louise du Haffont, qui y résida après sa mère, avait épousé Nicolas de Charmoy dont elle n’eut pas d’enfants. Elle mourut en 1661 et  ses héritiers collatéraux de l’estoc maternel, appelés au nombre de dix-huit à recueillir sa succession, ne purent conserver le Questel.

Messire René de Ploeuc, acquéreur de ce manoir, ne tarda pas à le revendre. Par contrat d’échange du 30 octobre 1662, il céda et transporta à écuyer Jean Rolland, sieur des Nos(27), notaire demeurant à Kernilis en Landudec, le manoir du Questel avec son moulin à eau, ses prééminences à Pouldergat, dans la chapelle saint-Jean et les convenants Marec et Maillot au village du Guilly.

Jean Rolland qui mourut en 1686, avait eu de son mariage avec Marie Guillaume quatre fils dont le second, Nicolas Rolland, devint recteur de Landudec, et deux filles(28). L’aînée, Isabelle, qui avait épousé en 1678 Hiérosme Brochereul (de Concarneau), reçut en partage le manoir du Questel.

Isabelle Rolland qui vécut jusqu’en 1745, ne laissa qu’un fils, Jean-Louis Brochereul, sieur de Penanprat, qui était capitaine des milices garde-côtes de la paroisse de Mahalon. A la mort de ce dernier en 1752, son fils Jean-Marie Brochereul, avocat, hérita du Questel.

(27) Les Rolland avaient possédé le manoir du Tertre des Nos en Planguenoual (Ev. de St Brieuc) et se disaient issus de Roland des Nos, croisé en 1248. Il furent déboutés à la Réf. de 1669.
(28) La cadette, Anne Rolland, eut en partage les domaines du Guilly. Elle épousa, en 1687, François le Béurier, sieur de Tréganou (de Plogastel), dont Louise le Béurier mariée (1717) à écuyer Luc-Corentin de Kerguern ( de Trégourez) décédé en 1733. L’aîné des quatre filles issues de ce mariage, Anne-Louise de Kerguern, épousa (1744) Pierre Furic de Penguilly. (Arch. du greffe du trib. Civil de Quimper)

La réformation de 1427 mentionne au Guilly deux domaines dont les métayers étaient exempts de fouages. L’un d’eux appartenait à Jehanne de Lespervez, veuve de Guillaume de Rosmadec ; l’autre à Jehan Agnès, de Clémentec en Ploaré, dont le père, Jehan Agnès, avait figuré comme écuyer, en 1379, dans la montre d’Hervé de Lezongar.

Henry Agnès étant décédé au Guilly en 1506, son fils Jehan rendit aveu l’année suivante à la seigneurie de Coetmorvan pour ce manoir et son moulin qu’il tenait par mains, ainsi que pour trois tènements que cultivaient au Guilly Jehan le Marhec, Yvon le Béguec et Alain Kerminihy. Ce Jehan Agnès qui possédait également le Questel et le manoir de Toulgoet en Penhars, abandonna le nom d’Agnès pour prendre celui du Guilly qu’ont porté ses descendants. Il mourut vers 1554, laissant deux fils dont le cadet, Jehan du Guilly, était recteur de Meylar en 1561.

L’aîné, Henry du Guilly, décédé en 1563, fut père de François du Guilly, seigneur de Toulgoet, qui habitait en 1574 le manoir du Guilly et auquel avait succédé en 1580 Françoise du Guilly, dame du Haffont de Lestimbech.

Françoise du Guilly dont la mère devait appartenir à une famille de cultivateurs ou de commerçants du pays(29), vivait encore en 1612. Aucun de ses enfants de laissa de descendance. Sa fille, Louise du Haffont, femme de Nicolas de Charmoy, qui avait hérité, en 1622, de son frère Guillaume du Haffont, vendit quelques années après le manoir et une partie de la terre du Guilly. Ce manoir appartenait, en 1643, à Maître Nicolas Delisle qui résidait alors à Tréotat et qui fut pourvu en 1659 de l’office de procureur fiscal de Kerharo.

Maître Delisle eut pour successeur, vers 1684, son fils nommé aussi Nicolas, qui de son mariage avec Françoise Josse ne laissa que deux filles.

(29) En 1661, les Férec, Guillou, Gannat et autres représentants de cette famille, se partagèrent la succession de Louise du Haffont dont ils étaient les plus proches héritiers.

En 1460 mourut Jehan de Trémibrit. Le minu pour l’éligement du rachat acquis par son décès fut fourni, la même année, par Pezronnelle du Rible, sa veuve, et par Hervé du Kernech, garde et curateur de ses enfants(30).

L’aîné de ces enfants, Jehan de Trémibrit(31), était notaire en 1475 et comparut à la montre de Carhaix en 1481. Décédé sans postérité vers 1500, il laissa pour unique héritière sa sœur Marie Trémibrit qui vivait encore en 1541.

Au XVIIème siècle, on trouve la terre de Trémébrit réunie à celle de Kerguélenen. En outre du manoir avec métairie, moulin et bois taillis, cette terre comprenait le convenant Kerdréo (anciennement Kerdrein) et deux tenues à Kerilis-Pouldergat. Le manoir, détruit pendant la Ligue, n’avait été qu’en partie réédifié. D’après l’aveu rendu au roi en 1680, à l’ouest de la maison qui avait 24 pieds de longueur sur 20 de hauteur, existaient encore les ruines d’un ancien corps-de-logis long également de 24 pieds.

Dans l’église paroissiale, suivant le même aveu(32), le blason de Trémibrit, d’argent à l’aigle impériale de sable becquée et membrée d’or, occupait un des soufflets du tympan de la maîtresse-vitre. Ces armes étaient reproduites dans les panneaux inférieurs en alliance avec celles de Lezongar, de Pencoet, de Kernech et du Rible.

La maison du Rible (en Plomodiern), dont les armes antiques étaient d’argent au chevron de gueules, portait alors palé d’argent et d’azur de six pièces chargées d’une cotice de gueules, l’héritière de cette maison ayant épousé, au XIVème, Pierre juveigneur de Rosmadec qui prit pour lui et ses descendants le nom du Rible, tout en retenant les armes de Rosmadec.

Chaque année, le jour de la fête de saint Etienne, le seigneur de Trémibrit avait coutûme de faire jeter une soule en bois fournie pour le dernier marié de l’année. Ce vieil usage qui était tombé en désuétude pendant la Ligue, fut rétablie en 1724 par Alain-Maurice de Quélen.

(30) Compte de Gauvain de Qoettanezre, receveur du domaine à Quimper (Arch. du Finistère, A 39).
(31) août 1477 (AD 29 1 E 227): Jehan de Tremibrit et Clémence de Lesongar, sa femme, procèdent à un afféagement à Stangyen en Gourlizon, alors trève de Ploaré; l'acte est signé et scellé "en la maison Alain du Bourch en la paroisse de Ploedergat le 9 juin 1477"
(32) Arch. Nationales, P 1693, T.VIII, f° 147

Le manoir de Kerguern était, en 1535, aux mains de Claude du Juch, fille mineure et héritière de Raoul du Juch, qui le porta en mariage à Rolland de Lezongar, seigneur de Pratanras. Devenue veuve en 1556, Claude du Juch vendit peu après ce manoir à Jehan Perrault, époux d’Adelice Certain, qui comparut comme seigneur de Kerguern à la montre de 1562 et auquel succéda son fils Jehan Perrault. Ce dernier était conseiller au siège présidial de Quimper lorsqu’il mourut en 1593.

Alain Perrault, fils du précédent et Jeanne Bougeant, son épouse, acquirent en 1636 le manoir de Lesalguen en Beuzec. Ils marièrent leur fille, Hélène Perrault, à Alain Toulguengat, sieur de Treffry. Leur fils, René Perrault, était en 1655, sénéchal de la juridiction de Kerharo qui s’exerçait alors à Pouldavid. Il avait épousé, en 1640, Françoise du Boisguéhennec du Minven qui lui donna quatre enfants(33).

L’aîné de ses fils, Hiérosme Perrault, avocat à la Cour, fut pourvu, en 1671, de l’office de sénéchal de Kerharo qu’il conserva jusqu’en 1725. Il rendit aveu au roi en 1683 pour le manoir et la terre de Kervern qui comprenait bois, jardin, colombier, moulin et plusieurs convenants ainsi que pour les prééminences que possédait ce manoir. De Kervern dépendaient deux tombes basses et un escabeau armorié dans la chapelle des saints Cosme et Damien à Pouldergat et en outre cinq tombes dans le chœur de la chapelle saint Jacques à Pouldavid (Arch. Nat. P 1693, T. VIII, f° 177).

Hierosme Perrault eut de son mariage avec Marguerite Huchet plusieurs enfants, au nombre desquels Philippe Perrault qui fut nommé, en 1714, curé de Locronan où il décéda en 1747, âgé de soixante ans. Une de ses filles, Anne-Marguerite Perrault, mariée en 1710 à Charles René de Kerret qui mourut sans enfants, épousa en secondes noces (1717) Guillaume le Traon Poulguen.

Par contrat du 22 juillet 1757, Joseph Perrault de Kervern, Catherine, Pélagie et Marie le Traon vendirent la terre de Kervern à Jean-Hippolyte de Mauduit et à sa femme, Marie-Françoise le Flo de Branho. Cette terre, saisie pendant la Révolution et vendue comme bien national, eut pour acquéreur le citoyen Chappuis, l’un des administrateurs du Département en 1793. Devenu ensuite la propriété de la famille Belbéoc’h, Kervern a été transformé en ferme modèle par Mr Charles Belbéoc’h, agronome distingué, qui emporta la prime d’honneur au concours régional en 1868.

(33) Françoise du Boisguéhennec, née en 1626 du mariage de Jean, Sgr du Minven, avec Jeanne de Kerloaguen, mourut en 1674 et fut inhumée dans l’église de Pouldavid. Elle eut pour enfant : Françoise Perrault, morte sans alliance, Hiérosme, Charles qui décéda en 1700, laissant de Anne Soubly un fils et deux filles, et François qui devint recteur de Tréogat (1680-1695).

Le manoir de Cloazrec était le gage de la sergenterie féodée de Pouldergat. On y trouve établie, à la fin du XIVème siècle, la famille de Kernech qui blasonnait d’or à la croix de gueules chargée de cinq merlettes d’argent(34). En 1411, Gourmelon de Kernerch, âgé de 51 ans, fut entendu comme témoin dans l’enquête sur les droits du vicomte de Léon en Cornouaille.

Hervé de Kernech qui lui succéda, est cité dans la réformation des fouages de 1427 comme possesseur du village de Kerguesten. Ce fut lui ou son fils portant le même nom qui, aux plaids généraux de Quimper en 1464, produisit au soutien des droits de sergentise appartenant à sa famille. Décédé en 1480, il eut pour successeur son neuveu Henry de Kernech qui était notaire et qui fut représenté à la montre de 1481 par son fils Hervé, archer en brigandine.

Cet Hervé de Kernech, à la mort de son père (1497), hérita, entre autres biens, du domaine de Cornancoet tenu par Jehan et Hervé le Bescond. Il eut pour enfants Jehan de Kernech et une fille nommée Elienor(35).

Jehan de Kernech étant décédé en 1520, Catherine Boys, sa veuve, en qualité de tutrice de leur fils Henry, rendit aveu au seigneur de Coetmorvan pour le lieu de Cleguer que tenaient à convenant Jehan et Henry Larour ainsi que pour le village et le moulin de Kerleguer exploités par Jehan et Charles Le Bourhys. Henry de Kernech fournit aveu en 1544 pour les mêmes domaines. Il était marié à Catherine de Penguilly, fille de Henry de Penguilly, sieur de Kerbalanec. Avec lui paraît s’être éteinte la filiation masculine de cette famille.

Le chanoine Moreau rapporte dans ses Mémoires qu’en 1595 la Fontennelle, pour construire sa forteresse de l’île Tristan, fit démolir une grande partie des maisons de Douarnenez(36) ainsi que la plupart des manoirs situés à proximité de la ville. C’est vraisemblablement à cette époque que fut détruite la vieille demeure des Kernech.

Le Cloarec appartenait alors à l’héritière des Trémillec qui devait épouser peu après Jean de Jégado, seigneur de Kerollain, il fut donné, au siècle suivant, par Pierre de Jégado à l’abbaye de Kerlot. En 1682, ce manoir était loué à Jacques Lescop qui payait à l’abbaye un fermage de 150 livres. Il ne restait de ses anciens batiments qu’une chapelle et un colombier délabrés, lorsqu’en 1690 les Cisterciennes de N-D de Kerlot le vendirent à Jean de Kergariou, sieur de Kerampap, moyennant 126 livres de rente.

(34) Elle avait pour berceau la maison de Kernech en Guyler-Mazalon qu’elle possédait encore en 1546
(35) Elienor du Kernech, mariée à Jehan Gauvaign, reçut trente soulz de rente sur Kerléguer pour partie de ses droits comme fille de la maison de Cloazrec.
(36) Le quartier du port fut sans doute épargnée : il y a peu d’années, il renfermait encore de vieilles bâtisses pouvant remonter à cette époque. On voyait aussi, rue Boudoulec, une maison datée de 1584.

Alain Sotonec qui possédait ce manoir en 1411, fut entendu comme témoin dans l’enquête relative aux droits qu’avait en Conouaille le vicomte de Léon..

En 1539, Jacques Kerdrein, écuyer, qui habitait Crauzon, rendit hommage au roi pour le manoir de Kergoff, son moulin, ses rabines et autres dépendances.

Vendu judiciellement en 1655, Kergoff fut acquis par Jean le Nobletz et Françoise Kernafflen, son épouse, qui fournirent aveu en 1678. L’ancien manoir existait encore à cette époque, précédé d’une cour dont les deux portes ouvraient l’une au midi et l’autre à l’ouest.

Ce manoir qui relevait de Lespervez, appartenait en 1427 à Hervé Pencoët.

Jehan Pencoët qui en était possesseur en 1512, le transmit à sa fille ou petite fille Eliette Pencoët, femme de Pierre Geffroy. En 1570, Keranpap était habité par les époux Geffroy auxquels succéda leur fille aînée Louise Geffroy, dame de Linlouet.

Au siècle suivant, ce manoir était devenu la propriété de Françoise Goulhezre qui y résidait en 1621, avec son mari Jean le Torcol, écuyer.

Il est probable que, quelques années plus tard, keranpap passa par acquêt aux Madien du Moguermeur ; on le trouve, en 1669, aux mains d’écuyer Jean de Kergariou, sieur des Fossés, qui avait épousé Marguerite Madien dont la dot comprenait le village de Penhoet, contigu  aux terres de Keranpap.

Leur fils et successeur, Jean de Kergariou, figure comme brigadier sur le rôle de la 5ème compagnie du ban et de l’arrière-ban de l’évêché de Cornouaille que le maréchal de Vauban passa en revue en 1694. De son mariage avec Ubanne Forsans naquit en 1698 Jean-Marie de Kergariou qui mourut en 1730, laissant de sa femme Marguerite-Ursule du Combout, plusieurs enfants.

La maison d’habitation qui a remplacé le vieux manoir, a été construit au siècle dernier par Mr François Gouzil, époux de Marie-Josèphe Brethel. Pendant plus de trente ans, Mr Gouzil administra comme maire la commune de Pouldergat où il avait fondé une école que dirigeaient les Religieuses du Saint-Esprit.

C'est à Pouldavid, si l'on en croit la légende, que fut noyé dahut, fille du roi gradlon.

La mer venait d'envahir la ville d'Is. Réveillé en sursaut Gradlon s'élance sur un cheval, prend sa fille avec lui et, à pointe d'éperon, se sauve de la ville.

Mais les vagues déchaînées le poursuivent et vont l'engloutir. "Gradlon ! Crie alors une voie terrible, si tu ne veux périr, sépare-toi du démon que tu portes en croupe !" Le roi a reconnu la voix de Gwennolé, c'est-à-dire celle de Dieu ; il abandonne sa fille à l'océan, et, content de cette proie, l'océan s'arrête(37).

Près de du lieu où Dahut avait trouvé la mort, se groupèrent quelques cabanes de pêcheurs et se forma une bourgade connue depuis sous le nom de Pouldavid, en breton Pouldahut. Cette bourgade dépendait originairement du domaine ducal. Un duc de Bretagne, en mariant sa fille au baron de la Roche-Bernard, lui donna Pouldavid qu'une alliance entre les maisons de la Roche-Bernard et de Nevet porta, au XIIIe, siècle dans cette dernière.

Devenu possesseurs de Pouldavid, les seigneurs de Nevet y établir le siège de leur juridiction. Parmi les droits attachés à ce fief, on pourrait citer : celui d'ancrage sur les barques et navires qui mouillaient dans les rivières de pouldavid et de Poullan, ainsi que dans les hâvres de Porz-Ru et de Tréboul ; le droit de lods et ventes sur les bateaux qui s’y construisaient ; le droit de prélever sur les barques montées par quatre hommes le cinquième des poissons autres que les sardines dont la pêche était libre. Enfin, lorsqu’ils prenaient des turbots, les pêcheurs étaient tenus de déposer le plus grand au moulin de Pouldavid où ils recevaient une galonée de vin et pour deux sols de pain et en outre d’offrir moyennant paiement le surplus de leur pêche. (Aveu de 1682, Arch. dép. E 460bis)

En 1502, le roi Louis XII avait accordé par lettres-patentes à Jehan de Névet l’auorisation d’établir à Pouldavid un marché chaque vendredi et deux foires par an, le 3 et le 26 mars. Ces foires dont le nombre fut ensuite porté à six, attirèrent une telle affluence de cultivateur qu’il devint nécessaire d’ouvrir un nouveau champ de foire sur les dépendances du village de Kerrem(38).

Avec le XVIe siècle devait malheureusement se terminer l’ère de prosepérité dont jouissait depuis de longues années Pouldavid, devenu un centre commercial et maritime d’une certaine importance. En 1595, la Fontenelle s’abattait sur cette paisible agglomération de pêcheurs et de marchands qu’il mettait à sac et détruisait ensuite de fond en comble. Voici en quels termes le baron de Nevet, dans un aveu rendu à l’Evêque en 1644, relate ce désastre :

« La ville de Pouldavid, dépendance de la terre de Nevet, est côtoyée d’une rivière qui porte son nom, qui a flux et reflux, port et hâvre distant seulement de la mer de trois portée de mousquet…Le nommé Fontenelle, ennemi capital de la maison de Névet, s’étant emparé du fort de l’Ile-Tristan, pilla toute la ville de Pouldavid, en exila les habitants et la démolit entièrement jusqu’aux halles, moulin, prison, et patibulaires(39), et même jusqu’au quai et hâvre dont tous les matériaux furent emportés audit fort ; ce qui resta le fit brûler et n’y laissa que des vestiges. »

Seule, au milieu de tant de décombres, la chapelle saint Jacques était encore debout. La ville de Pouldavid ne devait pas de sitôt se relever de ses ruines. Cependant, au XVIIe siècles, les sires de Névet rebâtirent leur moulin ainsi que le four à ban, la prison et la halle audessus de laquelle se trouvait l’auditoire. A la même époque furent construites plusieurs maisons d’assez belle apparence, avec façades et lucarnes en pierre de taille dont on peut voir un des spécimens sur le bord de la route qui passe au pied de l’église.

Comme la plupart des anciens hâvres de bretons, celui de Pouldavid s’était constitué à l’extrème limite que la marée peut atteindre. Pendant toute la durée du moyen-âge jusqu’à la fin du XVe siècle, son importance avait été plus considérable que celle de Douarnenez(40) mais depuis les ravages exercés dans cette région par la Fontenelle, Pouldavid ne fut plus qu’une annexe de celui de Douarnenez. Il ne comprend qu’un terre-plein de quelques mètres de longueur, accoté à la route nationale de Nantes à Audierne, et défendu du côté du port par un parement en maçonnerie. Un escalier permet de descendre à la grève. Cet ouvrage est absolument insuffisant pour les besoins de la population maritime. (Annuaire du Finistère, 1912, P. 249)

(37) Pitre Chevalier, La Bretagne ancienne, p. 88. S’inspirant de cette légende, Mr de Laminais a peint le beau tableau que possède le musée de Quimper.
(38) Ce village figure sous le nom de Cherren dans une charte du Xie siècle, paami les biens donnés par Alain Canhiart au monastère de Locmaria qui l’a possédé jusqu’à la Révolution. La famille Le Bars qui s’est fondue dans Le Joncour, a longtemps habité Kerrem où naquit M. Gabriel Le Bars, ancien recteure de Tréguennec, mort en 1864
(39) Et probablement aussi l’hopital, bien que l’aveu n’en fasse pas mention.
(40) L’inventaire des Arch. Dep par MM Lemoine et de la Rogerie (P.224) mentionne de nombreux chargements de sardines, de toile et de beurre expédiés à Nantes (1575-1583) par Pierre Le Baud, ainsi que le transport en 1556 dans cette même ville de 67 milliers de sardines, 50 lieus et d’autres poissons par « La Marye de Poldavy »,commandée par Yvon Bodigou.

L’église de Pouldavid, consacrée à Saint-Jacques le Majeur, a été érigée en paroisse en 1880. Bâtie sur la déclivité de la colline qui domine le pont, cette église doit appartenir au commencement du XVIe siècle. On y entre, du côté nord, par une porte de style renaissance au-dessus de laquelle on peut lire :

M:H::LE GVEN ....LE MOAL:F(41)

La porte principale qui s'ouvre dans le pignon occidental, est orné de guirlandes feuillagées et  surmontée d'un écusson fruste sur lequel devaient figurer les armes des seigneurs de Nevet, fondateur de la chapelle. De ce côté, on descend par six marches dans l'intérieur qui comprend une nef et un chœur accompagnés de collatéraux.

La nef qui compte cinq arcades au nord n'en a que quatre au midi, une des arcades de ce côté et étant bien plus large que les autres. Cette arcade correspond à une chapelle latérale dédiée à Sainte-Madeleine, qui a conservé son autel en pierre flanqué de colonnettes à pointe de diamant.

A l’angle nord-est de la nef, au-dessus d'une vieille statue gothique de Saint-Jacques, sont suspendus les fers d'un captif qui aurait été délivré par l'intercession du Saint. À cet ex-voto se rattache une légende. Dans cette partie de l'église existait encore, il y a peu d'années, une roue de fortune semblable à celle de confort.

Entre la nef et le chœur, s’élèvent deux énormes piliers cylindriques supportant une belle arcade, et probablement reliés à l’origine par un jubé auquel on accédait par le petit escalier pratiqué dans le pilier de droite.

Le chœur que deux travées séparent de ses bàs-côtés, se termine par un chevet droit percé d'une fenêtre à meneaux flamboyant contenant les restes d'une belle verrière de la passion. Le maître autel, exécuté au XVIIe siècle, est surmonté d'un riche retable orné d'un tableau représentant la cène et de multiples colonnettes torse chargées de pampre est de raisin que becquettent des colombes. A droite et à gauche de l'autel, on remarque les statues magistrales de Saint-Barthélemy et de Saint-Jacques au-dessus desquelles on a placé, au siècle dernier, le portrait d'un évêque, bienfaiteurs de cette église et celui d'une sainte religieuse. Enfin, sur le lambris du cœur, sont peints seize tableaux qui reproduisent, semble-t-il, plusieurs scènes de la passion(42).

(41)Jean le Moal, marchand à Pouldavid, signa en 1663 l’aveu que Jan Le Joncour, procureur fabrice de la chapelle Saint Jacques, rendit au fief de Lespervez pour une partie du village de Lesneven sur lequel feu Maitre Pierre Guézengar avait légué à la chapelle une rente de 4 combles de seigle (42)Bull. archéol. du Finistère, 1910, p.206